samedi 31 août 2013

LES BATEKE SONT DES BAKONGO

Les Batéké sont des Bakongo selon Jean Claude GAKOSSO, Ministre de la Culture du Congo
Roi Makoko
Roi Makoko
Quand en 1990 je découvre le BDK (Bundu dia Kongo) et les livres le MAKONGO ou le MAKABA, de Ne Muanda Nsemi, développant en long et en large, les thèmes qui rapprochent le peuple Teke au peuple Kongo, avec tous les ingrédients scientifiques qui relèvent de sa formation de chimiste, c’était pour moi une merveille. Je suis d’autant plus rassuré que le Ministre de la Culture du Congo Jean Claude GAKOSSO aborde ce thème dans la meme logique que les Batéké et les Bakongo ont les memes origines.
Mais je n’oublie pas que Mr Jean Claude GAKOSSO est un homme politique, par conséquent, l’analyse historico-spirituelle du BDK, ne suffit plus pour essayer de comprendre le message politique caché dans ce beau discours. N’oublions pas que depuis plus d’une dizaine d’années dans les écoles du Congo-Brazzaville, le Gouvernement a retiré du programme scolaire les études sur l’histoire du plus grand royaume du Coeur de l’Afrique, le Royaume Chrétien d’Afrique, celui qui est connu et étudié dans le monde, le Royaume Kongo.
Je sais que les voies des Seigneurs-Politiques sont insondables, alors je me tourne vers Machiavel pour savoir ce que monsieur le Ministre à voulu nous transmettre par ce biais? Les principalescitations de Machiavel disent que: Tout n’est pas politique, mais la politique s’intéresse à tout et une autre citation dit: Que pour être efficace il faut cacher ses intentions ! Alors là je ne comprends plus rien comme disait Ya Bekol “Politik yi kubidiééé!!!” pour dire que la situation politique dans le pays devient de plus en plus difficile, surtour à l’heure le mot Teke rime avec La Main noire. Bien, le Ministre a terminé son discours avec une note positive: “D’ici peu nous démontrerons l’unité originelle des Bakongo et Bangala pour taire à jamais les velléités guerrières Nord-Sud”.
Oui, excellence, mais à quoi cela servirait-il si ce n’est que pour alimenter les pages de facebook? Ce qui serait mieux dans un pays où l’Internet est encore un luxe, c’est d’organiser des émissions radio et télé, où les journalistes vont inviter les spécialistes pour en discuter; mais surtour de remettre dans les écoles primaires le programme de l’histoire du Royaume Kongo sans oublier d’enrichir l’histoire de toutes les autres éthnies et plutard expliquer au gens le lien qui existe entre le jeu ou la danse “Kongo” du Pool avec la danse “Ekongo” de la Cuvette.
Enfin vous trouverez ici le texte integrale de monsieur le ministre, un texte tiré du Blog de Mr. Eric Mampouya.
Masengo ma Mbongolo

 

Les Batéké sont des Bakongo

Démonstration à Jean Claude GAKOSSO, Ministre de la Culture
J.C. Ngakosso, Ministre de la Culture du Congo
J.C. Ngakosso, Ministre de la Culture du Congo
Triste constat, les africains en général ont plus la maîtrise de l’histoire des autres pays du monde, particulièrement de l’occident, que celle de leurs propres terroirs.
L’exemple est tout donné par les congolais qui, jusqu’à ce jour, continuent à parler des Batéké et des Bakongo comme de deux peuples ou tribus différents, ce qui a énormément contribué à rendre indifférents leurs ressortissants, les uns vis-à-vis des autres. Alors qu’il n’en est rien du tout.

Regard sur l’Histoire Précoloniale

Il est regrettable pour les professeurs d’histoire au Congo Brazzaville que de persister à parler des royaumes Kongo, Téké et Loango comme de trois royaumes à part entière. Une façon d’enseigner l’histoire pour diviser, prédisposer les congolais à la haine tribale prévue par les colonisateurs dans l’objectif d’empêcher l’unité du peuple congolais, qu’ils redoutaient.
Pérennisée par les colons, cette méthode se comprendrait, mais par ses propres fils aujourd’hui qui, bien au contraire, devraient être à la recherche de toutes les vérités du passé qui puissent développer la conscience collective et au-delà, l’unité nationale, cela consterne !
Il est une vérité qui devrait demeurer claire dans notre esprit : avant la colonisation, n’existait qu’un seul royaume qui occupait les territoires attribués plus tard au royaume Téké et Loango : il s’agit du royaume Kongo. Les deux autres sont nés, soit en se dissociant du pouvoir central dont l’épicentre se situait à Mbanza-Kongo, actuellement San Salvador, non loin des frontières de l’Angola et de la R.D.C, soit en se réorganisant après la chute ou la destitution par les portugais des derniers rois aux affaires dans le royaume Kongo.
C’est ainsi que le Chef de l’Etat, le Président Denis SASSOU NGUESSO, se référant à l’africaniste Georges BALANDIER, reconnaîtra au cours de sa vie et cela est écrit dans sa biographie ¨Un Homme d’honneur¨ à la page 34 que : « l’accord de Brazza avec le roi Makoko avait placé ce qui restait du royaume Kongo sous la souveraineté française. Un autre traité, signé en 1883 avec le roi des vilis, établira cette même souveraineté française sur le royaume de Loango (…) Il ne dira pas davantage que le Congo avant de devenir une colonie, fut un royaume heureux, indépendant et prospère pendant plus de deux siècles ».
Par ces propos, le plus grand homme politique congolais de sa génération, Denis SASSOU NGUESSO en l’occurrence, reconnait que les territoires des royaumes Téké et Loango appartenaient au royaume Kongo et qui plus vivaient heureux.
Même si l’intéressé ne lui donne que deux siècles d’existence, ce qui est une chose impossible de par le nombre des rois qui ont régné et prophètes qui sont apparus au royaume Kongo, mais aussi par la densité de sa population : deux siècles ne peuvent suffire à une population pour devenir aussi nombreuse au point d’occuper l’Angola, la RDC, le Congo-Brazzaville, le Gabon voire une partie du Cameroun.
Contrairement à ce qu’on apprend à l’école, d’après certaines investigations, le royaume Kongo avait été fondé par NIMI LUKENI, le séducteur du peuple, approximativement en 320 pendant l’ère des poissons donc après J-C, quelques années après que Dinga Cissé ait créé le royaume du Ghana.
Une Référence Entre Autres
Duart LOPEZ, le juif, présenta au roi du Portugal le royaume Kongo en ces termes : « le royaume Kongo part du 2ème degré jusqu’au 13ème au Sud de l’Equateur, il est grand, puissant et prospère ». Tout bon historien sachant lire une carte se rendra bien compte en observant celle du continent africain que les royaumes Téké et Loango se situent également dans les limites indiquées.
Permettez, et que cela ne choque guère quiconque, ces deux derniers royaumes apparaissent comme des royautés indépendantes à l’intérieur même du royaume Kongo, ce qui est inconcevable !
Que Signifie le Terme Batéké
La tradition kongo nous enseigne que la création du royaume kongo avait été l’œuvre mentale et mystique des Initiés, héritiers de la science des dieux venue d’Egypte. Que par ailleurs, pour asseoir leur suprématie dans les territoires cités plus hauts, bien que cela n’ait pas toujours été le cas, quelques fois, à défaut de les prendre en mariage et les introduire harmonieusement dans leur société, les rois recouraient à la force pour soumettre les pygmées (Babi, Bambaka  et autres) qui étaient et sont toujours des peuples autochtones.
Pour cela, le royaume Kongo possédait une élite guerrière appelée, batékila mu mvita, recrutée parmi les bakongo.
Traduit en langue française batékila mu mvita peut signifier entre autres définitions : « ceux qui se placent en première ligne de front, ceux qui au moment de la bataille précèdent tous, ceux qui de tous et en tout les temps ont l’expérience de la guerre, les plus avancés dans l’art de la guerre… etc.  ».
C’est donc ce terme guerrier qui fut abrégé premièrement en Batékila qui deviendra définitivement Batéké. Ainsi, Batéké n’est que le diminutif de Batékila mu Mvita et NIMI LUKENI, fondateur du royaume Kongo, qui avait lui-même poussé très loin cet art, était un Batéké.
Voilà pourquoi, si vous prenez la peine de vous renseigner auprès des vieillards Téké sur la signification des termes comme Bangangoulou, Ngamboma, Bakoukouya et autres, force sera de constater que ce sont des noms qui se rapportent tous à la guerre, l’art que pratiquaient et dans lequel étaient passés maîtres les ancêtres des actuels batékés.

Qui est le Makoko

Plusieurs africanistes ont parfois essayé d’ergoter sur la signification du terme Makoko, aucune équivoque n’existe, il est clair pour les Nabi, initiés kongo, que ce mot représente un grade mystique de l’ancienne religion ésotérique solaire du royaume Kongo.
Roi Makoko & P.S. De Brazza
Roi Makoko & P.S. De Brazza
A chaque degré de ladite religion correspondait le port d’un bracelet autour du bras à l’instar de celui que portait la prophétesse Kimpa Vita ou encore Vita Kimpa. A cet égard, le Makoko en avait droit à 5. A titre d’argumentation, quelque part en Inde se trouve une ville dont le nom signifie : la ville de la main, et ce, à cause des 5 rivières qui y coulent, par analogie avec les 5 doigts de la main. Ceci veut dire que les peuples de la terre connaissaient de tous temps le symbolisme selon lequel un mystère incarné par le chiffre 5 peut recevoir le sobriquet de « la main ».
Ceci étant dit, en langue kongo la main se dit Koko et en rapport avec les 5 bracelets que portait l’initié arrivé à un certain grade dans la religion Kongo, il recevait le surnom de : Mâ koko comme Mâ Nguri ou Mâ Ngounga. Makoko ne signifie donc pas Roi, loin s’en faut !
D’ailleurs pour corroborer ce propos, à l’arrivée des colons, de la même façon qu’il existe plusieurs révérends en Afrique, il y avait plusieurs Makoko ça et là dans le royaume Kongo, à Mbanza-Kongo, à Lemfu, à Mbé, dans le Mayombe…etc.
Néanmoins, il faut préciser que l’initié parvenu à ce grade (différemment des makoko qui ont vécu pendant la période dite du royaume Téké) était un Saint, un homme très puissant spirituellement, ayant des pouvoirs divins, populaire et influent. Il eut un gouverneur de Mbé délégué par Mbanza-Kongo qui fut un Mâ-Koko, sa présence dans la contrée eut tellement d’impact que les gouverneurs suivants, Mâ-Koko ou pas, adoptèrent ce Titre.
Le Makoko précité était un descendant de Bounzi, le bakongo initié qui, soit disant, sépara le fleuve Kongo qui, à l’époque, était appelé Muanza, en deux. Il était lui-même disciple de Nsengele Mbele (Tuti dia tiya) qui fut arraché par un char de feu dans le Manianga devant le peuple Kongo. Légende ou fait vécu ?

Les Trois Grandes Conquêtes Batékés du Royaume Kongo

Trois grandes conquêtes ont eu lieu au royaume kongo que l’on peut assimiler à des offensives militaires. La première fut menée par NIMI LUKENI en 320 après J-C pour la conquête de la première zone du royaume Kongo appelée à l’époque Kongo dia Mpangala, la deuxième par Kodi Pouanga, un siècle après vers 429 qui établira la suprématie de ce royaume jusqu’en R.D.C. La troisième fut ordonnée par NSENGELE MBELE au milieu des années 600.
Celui-ci avait intimé l’ordre aux Bakongo de gagner les territoires se trouvant au-delà de l’actuel fleuve Congo. C’est à ce moment précis que les Batékés s’emparèrent du plateau dit des Batékés, de l’actuelle Cuvette-Ouest et au-delà, du Gabon.
Sans le moindre doute, se sont les batékés qui menèrent toutes ces luttes et furent les premiers à occuper tous les territoires du royaume Kongo avant les autres composantes du peuple Kongo, sans exceptions.
Du Kitéké
Il peut arriver à certains esprits mal informés de se poser des questions sur la différence existant entre ces deux langues : le Téké et le Kikongo pur, celui parlé dans l’axe de Manianga, Boko, Luozi et autres. Et, c’est notre devoir de patriote de les édifier.
Les langues de tous les grands peuples de la terre subissent des transformations et des changements. Plus une population est nombreuse et surtout étendue sur un territoire aussi grand que celui du royaume Kongo, plus grand que l’Allemagne et le Royaume Uni, sa langue originaire se transforme.
Pour prendre un exemple simple, l’anglais est différent selon qu’il est parlé en Angleterre, en Amérique, au Nigéria ou en Afrique du Sud. De même à l’intérieur de ces pays, il change selon les régions. C’est aussi le cas de l’allemand, le chinois, le français et autres…
Si vous preniez désormais le soin d’écouter attentivement le kitéké, le lari, le bémbé, le vili et autres langues kongo, vous constateriez que dans le fond, toutes ces langues se ressemblent. Le Kitéké et toutes ses variantes sont tous dérivés du Kikongo originel.
Cessons de moins en moins de parler en termes des royaumes Téké et Loango, des batéké, lari, bembe, Vili… et adoptons des concepts plus unificateurs de : « Royaume Kongo et des Bakongo »
Bien que ce chapitre ait, dans nos prochaines parutions, droit à des articles qui lui soit consacré et à l’occasion duquel nous aborderons toutes les autres tribus, nous allons esquisser tout de même la signification voire l’origine des termes tels que : Vili, Bembe, Dondo, Ba’angala, Bayaka, Bapunu, Banianga, Bakongo de Boko, Basoundi, Bayombe, Balari.
Ceux qui ont étudié le royaume Kongo peuvent témoigner que ce dernier était divisé en plusieurs provinces, lesquelles étaient subdivisées en villages et quartiers. On parle des provinces majeures comme : Nsoundi, Mpemba, Ngoyo et autres, mais on oublie très souvent d’énumérer les provinces mineures qui portaient des noms à l’instar de Mbembe, Ndondo, Buyaka, Mpangala…
C’est ainsi, de la même façon qu’aujourd’hui nous appelons les habitants de Brazzaville, des Brazzavillois. Ceux de Pointe-Noire, des Pontenegrins. De Kinshasa, des Kinois. De Paris des Parisiens. Les Bakongo qui habitent jusqu’à ce jour les provinces appelées, dans le temps du Royaume Kongo, Nsoundi, s’appellent des Basoundi ; Manianga – des Banianga ; Ndondo – des Badondo ; Mbembe – des Babembe ; Buvili – des Bavili ; Mpangala – des Ba angala ; Kipunu ou Mpunu – des Bapunu ; Kakongo – des Bakongo de Boko, Mpumbu – des Bawumbu ; ceux qui habitent toute la région de la forêt du Mayombe – des Bayombe.
Parmi les rivières du Pool qui était dans le temps une partie de la province majeure appelée Nsoundi, un cours d’eau portait le nom de Lulari et en référence au géni qui l’animait, lequel avait la réputation d’avoir le pouvoir de rendre les hommes populaires : les Bakongo qui habitaient dans ses alentours prirent le nom des Balari.
Conclusion 
A quoi nous a donc servi l’expérience de la guerre de 1993-1994 opposant les ressortissants des trois régions dites Nibolek (Niari, Bouenza et Lekoumou) contre la région du Pool, particulièrement les Bembe contre les lari ?
A qui cette guerre a-t-elle profité ? Et à qui profite aujourd’hui le flou entretenu sur l’appartenance au peuple Kongo des Vili, Téké et autres ? Gare !
D’ici peu nous démontrerons l’unité originelle des Bakongo et Bangala pour taire à jamais les velléités guerrières Nord-Sud.